jeudi 24 mars 2011

Remaniement ministériel : quelle incidence sur la candidature de la Mauritanie au conseil de sécurité ?


On sait que dans notre pays, et ce depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, tous les présidents qui se sont succédés militaires ou civils, ont un point commun : ils font sauter les ministres des affaires étrangères à n’ importe quel moment et souvent sans explication !
Le MAEC est par excellence le fauteuil le plus éjectable : son occupant doit le savoir dés sa prise de fonction. Il peut même sauter dés le lendemain de sa nomination !
Bien sur, il y a eu une seule exception dans l’histoire du pays quand feu Hamdi Ould Mouknass a occupé le poste pendant dix ans (1968 à 1978), avec une interruption de 24 heures, quand il fut nommé ministre de la défense pour libérer sa place à l’ancien ambassadeur de la Mauritanie à Madrid, feu Maarouf Ould Cheikh Abdellahi .
Mais pour des raisons de santé, ce dernier a demandé à revenir en Espagne pour continuer ses soins et Hamdi Ould Mouknass a repris sa place aux affaires étrangères.
Il ne quitta ses fonctions de ministre des affaires étrangères, qu’à la faveur du coup d’Etat de 1978.
Mais les 44 autres ministres qui se sont succédé à ce poste , ont été limogés entre 14 jours ( Cheikh Sid’ Ahmed ould Babamine ) et deux ans au maximum .
Naha mint Moknass, la ministre des affaires étrangères sortante, ne pouvait pas échapper à cette pratique. Elle déjà d’ ailleurs enregistré une assez bonne longévité à ce fauteuil hanté.
Entourée de vipères et magouilleurs de toutes sortes, tant dans le milieu des conseillers de la présidence qu’au département lui-même, la première femme MAEC du pays, ne pouvait pas éviter les multiples pots de banane qu’on lui posait ça et là.
Durant sa période, son ministère a connu une intense activité diplomatique avec des mouvements du personnel dans les missions à l’étranger. Elle n’a raté aucune réunion internationale ou sous régionale.
Elle fut même l’ un des vice- présidents de la dernière assemblée générale des nations unies . Si son limogeage s’explique par la promotion de l’ex ministre de la défense, monsieur Ould Hamadi , cela peut être logique , parce que ce dernier correspond bien au genre de MAEC que les mauritaniens aiment bien : une carpe qui ne sait pas dire ni oui ni non ! Mais va-t-il rester longtemps ? Rien n’est moins sur !
Une autre explication est donnée au départ de Naha : c’est un signe avant-coureur de l’imminence d’un grand chambardement général où aucun membre du gouvernement actuel ne survivra , même pas le PM Moulaye le foreur de VIC !
N’oublions pas que nous sommes à la veille des échéances électorales importantes : renouvellement du tiers du sénat, les municipales et les parlementaires.
Pour cela, Ould Abdel a besoin d’hommes et de femmes capables de l’aider , pour mener à bien sa campagne en faveur des candidats de l’ UPR , lequel UPR lui-même connait une carence au niveau de sa direction .
Il est donc logique de chercher des nouveaux ministres plus représentatifs, plus expérimentés, connaissant mieux les hommes et les femmes du pays et conscients de l’enjeu. Voilà ce qu’il faut pour le pouvoir actuel ! le temps des cabinets ministériels bidons est révolu …Un ministre qui doit convaincre une population à laquelle il s’adresse, doit avoir une apparence imposante et un discours cohérent, ce qui est loin d’être le cas du cabinet Moulaye III.
Mais les observateurs notent qu’il est peut être mortel pour la Mauritanie , de changer actuellement de chef de diplomatie alors qu’elle est en pleine campagne pour sa candidature à un siège de membre non permanent au conseil de sécurité des nations unies.
Dans sa course pour ce siège, la Mauritanie a un rival de taille , en l’occurrence le Maroc qui a 140 représentations diplomatiques et consulaires , sur les 193 pays que comptent les nations unies .
Les marocains ont aussi surement les moyens humains et matériels de leurs ambitions , et n’ épargnent aucun pays qu’il soit petit ou grand , riche ou pauvre , fort ou faible , dans leur campagne .
Leur diplomatie est très active grâce à des diplomates de talent bien outillés. Si le Maroc ne gagne pas, le score sera certainement très serré. Les estimations donnaient d’ ailleurs la Mauritanie gagnante, grâce au décompte des voix éventuelles !
Tout d’ abord, ce ne sont pas tous les pays qui respecteront leurs engagements, le vote étant secret …
Le Maroc a la majorité des pays de la conférence islamique, une grande partie de l’Europe, tous les pays asiatiques sauf l’Iran , et tous les pays arabes sauf l’ Algérie .
Il a 20% du vote des pays sud-américains et 15% de celui des pays africains.
La Mauritanie a des promesses de certains pays africains qui risquent d’être non tenues , à l’ exception de l’ Algérie .
Dans tous les cas, il n’est pas sur que les Etats membres de l’UA respecteront les consignes de vote et personne ne doit savoir qui a voté pour qui . Mais ça, c’est une autre histoire.
Naha mint Moknass quant à elle, a parcouru un important chemin dans cette campagne, en tissant de façon avantageuse , un réseau de relations avec des collègues de différents continents. Est-ce que Ould Hamadi continuera son œuvre ? Wait and see . .

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