mercredi 27 février 2008

STRATEGIE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION : LES DOUANES NE SEMBLENT PAS CONCERNEES

STRATEGIE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION : LES DOUANES NE SEMBLENT PAS CONCERNEES

Au moment où le gouvernement de Zein Ould Zeidane nous martèle avec sa stratégie nationale de lutte contre la corruption, les douanes, particulièrement le bureau 13 du PANPA, ignorent totalement ce tapage.

En voici la preuve irréfutable. Mais notons dès le départ, que ce qui surprend, ne sont pas les montants empochés par les douaniers, mais la façon dont ils les soutirent aux usagers à chaque étape.

Précision également que ces montants sont supplémentaires à ceux qui sont payés contre quittance du Trésor Public et qu’ils n’ont rien à avoir avec ceux prévus par les textes.

L’ITINERAIRE D’UNE CORRUPTION A CIEL OUVERT

Vous voulez sortir du port de Nouakchott une marchandise, du terre-plein jusqu’à la porte de sortie.
Vous passez par plusieurs étapes.

Etape 1 : Visa
Le premier visa du chef de bureau pour la mise en circuit de votre déclaration en douane. Ici vous payez cent mille ouguiyas (100.000 UM) à monsieur Chemad Fall dit le coxeur du chef de bureau. On vous dit que c’est une amende pour code mais on ne vous le décodera jamais.

Etape 2 : Enregistrement.
Ici, vous payez dix mille ouguiyas (10.000 UM) chez Dah Ould Cheddad qui vous dira tout court que c’est un forfait.

Etape 3 : Visite
Maintenant votre dossier est enregistré en image sur le fameux Sydonia et il peut être envoyé chez l’un des inspecteurs de visite qui, eux aussi sont plus gourmands les uns que les autres.
Si vous avez la chance que l’ordinateur du Sydonia vous oriente chez Ba Bocar ou chez l’inspecteur Ely Ould Bourass, vous n’êtes pas obligé de corrompre, mais si vous tombez sur l’un des autres inspecteurs, vous êtes obligés de cracher deux montants différents : cinquante mille ouguiyas (50.000UM) pour la visite du conteneur de votre marchandise et soixante mille ouguiyas (60.000 UM) pour la fiche d’évaluation de votre produit. Et ça continue.
Maintenant vous revenez à la case départ pour négocier avec le chef de bureau 13 en l’occurrence le tristement célèbre colonel des douanes monsieur Deballahi Ould Moctar.
A cette étape cruciale, le montant des droits des douanes qui sera payé au Trésor Public est fixé selon la tête du client.
Si vous êtes D’neiden ou Taher, vous payez plus tard à la maison et on vous applique le minimum.

Etape 4 : Retour à la visite.
L’inspecteur de visite vous attend au tournant pour le rapport final. Rien n’est fixé ici.
Soit la marchandise est identifiée comme "chaussures en plastique" à la place du thé vert de Chine ou "frigos occasions" à la place de jus de fruit.
Dans ce cas, il faut remplir la poche de l’inspecteur au détriment du Trésor Public. Soit la visite est correctement faite et c’est le Trésor Public qui gagne

Etape 5 : Bon à enlever
Vous payez enfin les droits des douanes proprement dits au Trésor Pubic contre quittance et c’est le début du parcours de combattant en sens inverse.


Etape 6 : Apurement
Vous payez vingt mille ouguiyas chez Macina et consorts et on vous dit aussi que c’est un forfait (pas très fort !)



Etape 7 : TS (Comprenez Taxe Shalla)
C’est ici le seul cas de corruption contre lequel monsieur Shalla vous donne une quittance. Bizarre, non !

Etape 8 : Visa sur bon à enlever
Enième retour chez le chef de bureau pour vous racler encore si vous n’êtes pas l’un des ses abonnés (D’neiden, Taher, Soy et consorts)

Etape 9 : Chez le sous officier de brigade
Ici, il s’agit de Ould Semane. Et là, vous n’avez aucune chance d’échapper même si votre bon à enlever contient du sable de mer.
Ould Semane, comme son nom l’indique (l’enrichisseur) est un super corrompu de tous les temps. Les syndicats de boulangerie en savent quelque chose.

Etape 10 : Enlèvement
Ici vous êtes chez Ould Dyah le vorace de Boutilimit. C’est l’avant dernière étape de ce chapelet de corruptions.
Chez Dyah, il y’a ceci de particulier que vous payez les yeux fermés et la tête entre les jambes, pour avoir le visa de chargement de la marchandise dans le camion.

Etape 11 : Chez le lieutenant des douanes Nagi
Vous croyez que vous êtes à la fin de votre torture. Eh bien, non !
Des préposés de douanes vous attendent au pied du conteneur pour avoir leur part. ils vous griffonnent sur ordre de Nagi le douanier le plus malhonnête du PANPA, un "vu et enlevé" et vous revenez chez Ould Dyah pour un second forfait.

Etape 12 : Bon de sortie
Ici les douaniers du bon de sortie ne sont pas très gourmands parce qu’ils ne vous demandent que ce que vous pouvez donner (ça varie entre 2.000 et 5.000 UM).
On vous donne votre bon de sortie et vous amener votre marchandise vers le portail du port où vous êtes noyés au milieu d’une armada de douaniers quémandeurs.
Vous êtes alors victime de la dernière étape de corruption consistant au paiement d’un forfait illégalement obligatoire.
Sous le poids de ces forfaits énormes, vous êtes alors obligés de pratiquer une hausse de prix pour récupérer les montants extorqués par les douaniers au détriment de la politique du gouvernement et l’ordre public.
Dans tout ça, il y’a une chose plus injuste et plus grave : c’est que toute personne qui ne se plie pas à toutes ces étapes de corruption à ciel ouvert, se voit interdite au bureau des douanes du port de Nouakchott comme si ce n’est pas un établissement public comme tous les autres.
Deux choix donc devant vous : soit vous corrompez à outrance, soit vous aliénez vos droits les plus élémentaires de citoyen de la République.

Comment le chef de bureau réalise votre interdiction d’entrée au bureau 13 ?
Il appelle un préposé des douanes à qui il donne instruction de déposer une plainte contre vous pour injures à homme de loi en tenue.
Deballahi transmet la plainte commanditée au directeur général des douanes et le tour est joué.
Le Ministre de l’Economie et des Finances qui mène actuellement une lutte acharnée contre la corruption est-il au courant de ce qui se passe dans ces douanes corrompues du PANPA ?
En tout cas tant que Deballahi est au bureau des douanes du PANPA, il n’y aura ni lutte contre la corruption, ni stabilité des prix, ni paix sociale. Au contraire, on continuera à détourner les biens de la Nation par braquage de la recette, fausse caution bancaire (affaire du transitaire Ould Mkhaitratt), faux bons à enlever scannés (affaire Yahya), entre autres.

Alors le 26 janvier prochain, cela doit être sous le signe de la lutte contre la corruption, avec l’actuel Directeur général Dah Ould Hamadi, un homme réputé honnête.
A suivre…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire