Décidément, l’inspecteur des douanes Dellahi Ould Abdel Baghi est intraitable, malgré les chances qu’on lui donne souvent.
La dernière des dernières est une histoire concernant le visa d’un produit à l’exportation.
Pendant que le chef du bureau des douanes de l’aéroport, le colonel Mohamed Ould Abidine Sidi lui accordait la gestion courante de certains dossiers, sur insistance du directeur général des douanes, monsieur Dellahi en profita pour usurper de nouveau les prérogatives du chef du bureau, allant même jusqu’à exiger des commissions énormes aux sociétés étrangères exportatrices.
Découvrant la malhonnêteté de son subordonné, le colonel Ould Abidine Sidi bloqua l’opération de corruption.
Fou furieux, le tristement célèbre Dellahi (qui joue ici le rôle d’officier de brigade) vociféra sur le colonel : « sachez que je m’en fous éperdument de vos étoiles bidons et de votre ministre Ould Hama Vezaz, moi je suis un fidèle lecteur de New York Times alors que vous êtes incapable de lire Mamadou et Bineta. Aussi, ma villa est plus belle que la vôtre ! Le directeur général des douanes, monsieur Dah Ould Hamadi s’incline devant ma culture et mon intelligence, c’est pourquoi il m’impose dans votre bureau. Les gens disent qu’il ne reçoit plus que les chefs, eh bien, moi je rentre chez lui quand je veux et vous verrez bientôt à son retour de Tintane ! »
En réponse à ces insultes, le colonel Ould Abidine Sidi lui rappelle tout simplement qu’il n’y a qu’un seul chef de bureau de l’aéroport de Nouakchott, en l’occurrence lui, et qu’à ce titre, il est le seul responsable de tout agissement mettant le dit bureau en cause et en particulier les pratiques qui violent les lois.
Le colonel lui rappelle également que c’est la deuxième fois que la chance lui a été donnée de travailler de façon normale à l’aéroport.
Il est certes évident que tout le monde sait que monsieur Abdel Baghi est un douanier au passé riche en scandales.
Il eut ses faits d’armes avec Ahmed Ould Khlil vers de début des années 2000, quand ce colonel des douanes actuellement à la retraite était directeur régional des douanes à Nouadhibou. C’était au moment où Abdel Baghi ouvrit à Nouadhibou un bureau des douanes parallèle aux douanes-pêche pour libérer à ciel ouvert les exportateurs de poisson contre des commissions payées à domicile.
Le directeur régional porta plainte auprès du colonel Ndiaga Dieng à l’époque directeur général des douanes, mais c’était trop tard. Dellahi avait fait trop de dégâts !
Au lieu d’être sanctionné, il fut promu et affecté aux douanes-fret de Nouakchott où il eut ses jours de gloire en amassant une fortune en mois de 45 jours, durant le congé du colonel des douanes, monsieur Mohamed Lemine Ould Souédatt chef de bureau à l’époque. C’est avec cet argent mal acquis qu’il construisit sa fameuse villa à Tevragh-Zeina.
Constatant la gabegie préjudiciable au trésor public, causée à l’aéroport par les largesses d’Abdel Baghi avec certains importateurs, Ould Souédatt interrompit son congé et demanda au colonel Ndiaga Dieng de le débarrasser de cet agent nuisible à la République.
Le fameux Abdel Baghi fut affecté alors au bureau du Wharf (MEEP), une sorte de prison pour tout douanier parce qu’il n’y a pas de commissions, ni de facilités à accorder.
Puis vint le règne transitoire du colonel Mohamed Ould Mohamedou à la direction générale des douanes. Ce dernier l’envoya au bureau pétrole OFF SHORE de Woodside.
Là, Abdel Baghi s’ennuya à mourir parce qu’il n’y avait personne à racketter. C’est ainsi qu’il eut le culot de démissionner.
Certains de ses proches ont dit que son niveau d’anglais très bas, ne lui avait pas permis de communiquer avec les australiens qui sont pourtant prodigues en matière de paiement de commissions (avenants, surfacturations Schinker, etc.).
Après un bref flottement, notre Abdel Baghi atterrit de nouveau comme un hélicoptère à l’aéroport de Nouakchott, sous le commandement du très distingué, compétent et intègre Mohamed Ould Abidine Sidi qui lui donna toutes les chances de réussir.
Mais Abdel Baghi devient monsieur 80% (allusion faite à sa part de tout versement pour l’enlèvement des produits importés).
Inquiet devant la chute des recettes de son bureau, Ould Abidine s’approcha de plus près des pratiques de ce douanier : c’est ainsi qu’il découvrit le pot aux roses. Il demanda alors des explications à son subordonné cleptomane !
Mais le psychopathe claqua la porte puis disparut en attendant le retour du directeur général des douanes qui était en permission de quelques jours.
Qui gagnera ce bras de fer qui n’a que trop duré ? Le colonel Ould Abidine Sidi, symbole de l’intégrité ou le psychopathe filou symbolisant la douane classique ?
Aujourd’hui, personne n’est supposé être au dessus de la loi et les tribus ou clans ne protègent plus personne.
Mais au-delà de ce duel qui n’a aucune raison d’être et de l’argent du trésor public souvent usurpé par le cleptomane Abdel Baghi, au vu et au su de tous, il y’a surtout un problème de discipline qui est posé : le chef de bureau titulaire de l’aéroport de Nouakchott est-il Ould Abidine Sidi ou Abdel Baghi, le douanier belliqueux de tous les temps ?
On verra comment le directeur général des douanes, l’officier supérieur de l’armée va-t-il trancher. (Affaire à suivre)
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